04.12.2019

Le GFX100 du point de vue du photographe de mode Kurt Anthierens

C’est dans un océan de lumière bleu fluo, agité de nombreux mouvements et baigné d’une musique poignante que, cet été, j’ai exploré avec mon équipe prometteuse les limites du nouveau produit phare de FUJIFILM : le GFX 100. Sur de grands écrans, les invités au lancement officiel, organisé dans les imposants Studios LITES, pouvaient suivre en détail ma séance éditoriale consacrée à une ligne de vêtements de sport.

Le GFX 100 m’a intrigué dès le premier regard, quand il n’était encore qu’un alléchant prototype, trônant hors de portée en vitrine de la Photokina. En attendant la mise à disposition de ce GFX 100 annoncé, et afin de me familiariser avec le système FUJIFILM et son rendu chromatique, je me suis procuré début 2019 le GFX 50R. D’ailleurs, tous les objectifs étaient déjà prévus pour la résolution du capteur GFX à venir, avec ses 102 millions de pixels, et faisaient déjà partie du futur investissement.

La résolution et la netteté des nouveaux objectifs FUJIFILM m’ont impressionné d’entrée de jeu, au même titre que le rendu chromatique des images pour la postproduction. La photo d’introduction, projetée à l’évènement, a été prise avec un objectif GF 110 mm f/2, diaphragme f/8, afin d’assurer la perception de la texture du parachute à l’arrière-plan et de créer une profondeur de champ tout juste suffisante pour un rendu net de la zone ornée de perles, enveloppant l’œil du mannequin.

Faire partie des premiers à tester le nouveau GFX 100 était, pour moi, une expérience sensationnelle. Et très intuitive, aussi. Mes objectifs ont bénéficié d’une mise à jour micrologicielle. Quant à l’organisation du menu, elle correspondait largement – sauf quelques options supplémentaires – à ce que je connaissais déjà. Les GFX 50 S en R sont de superbes appareils, mais le GFX 100 l’emporte haut la main sur tous les plans !

La première chose qui frappe, c’est l’amélioration considérable de l’autofocus. Grâce à l’AF à détection de phase et de contraste ultrarapide, je peux travailler bien plus vite. De plus, la détection des visages et des yeux n’est plus qu’un simple gadget, mais un véritable super-outil qui m’offre systématiquement des images ultranettes, que je travaille avec des mannequins en mouvement, de profil ou à grande distance.

Pour les shootings de mode, l’AF-C avec détection de visages constitue mon réglage préféré. Il est en effet gage d’une grande liberté de mouvement, tant pour moi que pour les mannequins ; ainsi, nous pouvons mettre l’accent sur l’expression et la composition. Une autre fonction très pratique est le « boost », qui permet d’allouer au choix la puissance du processeur à l’AF ou à la vitesse d’enregistrement.

Il est, par ailleurs, très facile de regarder et de vérifier les photos sur l’écran tactile du GFX 100. « Pinch et zoom », comme sur mon smartphone. FUJIFILM a choisi un double logement pour cartes SD au détriment d’alternatives plus rapides, ce qui permet d’obtenir des capacités importantes aux tarifs les plus bas. Sur place, je dispose de suffisamment de cartes-mémoires qui, même après le chargement des images sur l’ordinateur, ne sont pas effacées mais constituent un back-up supplémentaire.

Les moyen-formats – surtout dans les plus hautes résolutions – dépendent de trépieds ou de vitesses d’obturation rapides pour garantir des prises de vue vraiment nettes. Ici encore, le FUJIFILM GFX 100 change profondément la donne : grâce à sa stabilisation IBIS sur cinq axes, il offre une plus grande liberté de mouvement et vous permet, ainsi, de repousser les limites de votre créativité.

Vous devez photographier des mannequins en plein centre-ville ? Le GFX 100 vous livre des prises de vue à main levée d’une grande netteté, tout en préservant le flou cinétique de la circulation, au sein de laquelle il n’est, du reste, ni pratique ni souhaitable de se balader avec un trépied. Grâce à sa double batterie, le GFX 100 assure une autonomie suffisante sur site. Enfin, là où les tethered shoots en studio – qui, souvent, impliquent l’enregistrement de plus de silhouettes par jour – m’obligeaient à utiliser un adaptateur secteur supplémentaire pour le GFX 50R, le GFX 100 s’alimente et se recharge par le port USB-C.

Les caméras Hasselblad que j’utilisais pour les tethered shoots étaient équipées du logiciel Phocus, ce qui supposait d’importer et de sélectionner les fichiers dans Lightroom. Aujourd’hui, la parfaite intégration de Capture One et FUJIFILM optimise mon flux de travail, grâce à la rapidité du traitement dans un seul et unique programme.

Véritable fan de Hasselblad/Canon, j’avais d’abord l’intention d’utiliser le GFX100 en guise d’upgrade et de remplacement de mon kit Hasselblad moyen format. Jamais je n’aurais cru qu’il deviendrait mon principal allié dans ¾ de mon travail ! Il réunit vraiment le meilleur des deux mondes. Avec le GFX100, j’ai parfois l’impression de tenir mon Canon 1DXii entre les mains : l’appareil affiche un format, un poids et une résistance aux intempéries quasi identiques, mais avec une résolution 5 fois supérieure et une plus grande plage dynamique, ce qui m’offre d’infinies possibilités en postproduction.

Un imprimé gigantesque pour un client X ? C’est possible. Un recadrage inédit pour un client Y ? C’est possible. La couleur est d’une importance cruciale pour un client Z ? Là encore, les images 16-bit répondent à tous nos besoins. Sans parler des émotions que suscitent ces images 102 mégapixels lorsqu’elles surgissent sur votre écran.

En tant que photographe, je suis toujours en quête des meilleurs appareils et de la meilleure qualité d’image pour mes missions. Je conseille vivement d’essayer ou d’acheter le GFX100 à toutes les personnes qui ont besoin d’un tel calibre. Mais laissons donc parler les images…