15.01.2020

Photographier l'hiver - Guide du photographe

Avec une faible lumière rasante, un air clair et vif, des brumes matinales persistantes, de belles gelées et (parfois !) une couverture de neige blanche immaculée, il n’est pas étonnant que l’hiver soit un délice pour les photographes. Et, cerise sur le gâteau à cette époque de l’année, le lever et le coucher du soleil se déroulent à des heures confortables de la journée, ce qui permet de se reposer et d’être de retour pour le repas familial en fin de la journée.

Quels sujets photographier ?
Vous ne serez pas à court de sujets à photographier dans ces conditions mais vous devrez peut-être être rapides et attentifs car la lumière ou le brouillard peuvent n’être présents que quelques minutes ou même quelques secondes. De vastes paysages, des arbres ou des granges isolées, des photos en gros plan de l’herbe givrée, de glaçons ou de bulles sous la glace, tout peut être un sujet de photo.

C’est le climat rigoureux qui crée ces moments spéciaux. La brume et le brouillard détachent les sujets de leur environnement et apportent un sentiment éthéré à la scène. Le givre sur les herbes et les arbres éclairés par le soleil du matin sont saisissants ; les reflets d’un coucher de soleil hivernal dans l’eau calme et, bien sûr, les paysages recouverts de neige sont tous de beaux sujets.

Choisir une composition simple, minimaliste, positionnant votre sujet sur un fond blanc, peut être très efficace, donnant un sentiment d’isolement et de froid. Des éléments tels que des murs et des clôtures se détachent dans la neige et peuvent être très utiles pour guider le regard vers le sujet principal.

Recherchez des zones de couleur pastel pour rehausser la blancheur d’une scène d’hiver et donner à l’image un aspect plus positif. La conversion en monochrome fonctionne également très bien, permettant au sujet de se démarquer en soulignant la forme, la texture et les lignes.

Mais il n’y a pas que la campagne ; pensez aussi aux paysages urbains avec des rues humides qui reflètent des lumières vibrantes des magasins, des voies de trafic automobile et des gens qui luttent contre les éléments, la seule limite aux prises de vue reste votre imagination.

Quand photographier ?
Comme toujours, tôt et tard sont les meilleurs moments, mais ce qui est bien avec l’hiver, c’est que le lever et le coucher du soleil se déroulent à des heures confortables de la journée. Être dehors tôt après une chute de neige signifie également que vous pouvez enregistrer des situations vierges de toutes empreintes de pas pouvant gâcher l’image. Un fort gel peut créer des images magiques, mais il faut prendre des photos tôt le matin car le lever du soleil fera bientôt tout fondre.

FUJIFILM X-T2 - F5.6, ISO 400, 1/40 sec.

Comment photographier ?
De superbes photos sont possibles quel que soit l’appareil photo ou les objectifs que vous possédez. Le plus important est de protéger votre équipement et de savoir comment surmonter les défis de l’hiver.

Le facteur le plus critique lors d’une prise de vue dans la neige et la brume est la bonne exposition, surtout si vous enregistrez vos images en JPEG. La brume et la neige peuvent « tromper » l’appareil photo en générant une sous-exposition, vos images pourraient alors paraître ternes et grises. Pour surmonter ce problème et apporter un peu de clarté à vos images, vous devez surexposer de 1,5 à 2 diaphragmes.

L’une de mes fonctions préférées des derniers appareils Fujifilm X est la correction d’exposition : personnalisée via une molette dédiée. Elle permet de sélectionner +/- 5 diaph. par 1/3 d’IL de compensation d’exposition. Vous pouvez également repérer un ton neutre comme une pierre grise, puis utiliser la mémorisation d’exposition pour maintenir cette exposition avant le déclenchement.

Utilisez toujours votre histogramme pour vérifier vos expositions en vous assurant que vous avez recueilli autant de détails que possible dans le fichier sans brûler vos hautes lumières ou boucher vos ombres.

FUJIFILM X-T1 + XF55-200mmF3.5-4.8 R LM OIS - F11, ISO 200, 1/40 sec

Si l’éclairage est très délicat, vous pouvez encadrer (« bracketer ») vos expositions en sélectionnant le « bracketing » +/- 1 IL dans le mode « DRIVE » (entraînement). Assurez-vous simplement que vous utilisez un trépied et que vous avez sélectionné le « bracketing AE ».

L’augmentation de la plage dynamique est une autre caractéristique intéressante de certains appareils Fujifilm récents. Elle aide à gérer les scènes à fort contraste et fonctionne en sous-exposant l’image en utilisant une ISO plus élevée pour conserver les détails des hautes lumières, puis en augmentant les détails dans les ombres.

Pour bénéficier d’1 IL d’augmentation de la plage dynamique, vous devez sélectionner 400 ISO et pour 2 IL, 800 ISO, ou bien utiliser l’ISO Auto avec au moins 400 ou 800 ISO sélectionnés respectivement. Cela fonctionne parfaitement, et je vous recommande de l’essayer, surtout si vous prenez des photos en JPEG.

FUJIFILM X-T2 + XF10-24mmF4 R OIS - F11, ISO 200, 1/100 sec

Le système de mise au point automatique de notre caméra fonctionne en détectant les zones de contraste. La neige et la brume sont des scènes à faible contraste et par conséquent l’AF peut être mis en échec en essayant de trouver la mise au point. Dans ces situations, je passe à la mise au point manuelle et j’utilise la fonction ” Focus Peaking ” d’assistance à la mise au point manuelle réglée sur ” Highlights Red “. Toutes les lumières rouges indiquent les zones de mise au point. C’est une aide précieuse pour une mise au point parfaite.

De nombreux photographes de paysage prennent des photos en priorité à l’ouverture car la vitesse d’obturation n’a généralement que peu d’importance lorsqu’on utilise un trépied. Cependant, à main levée ou s’il y a de la neige qui tombe, la vitesse d’obturation est un facteur important. Une vitesse d’obturation plus longue montrera les flocons de neige sous forme de stries blanches, ce qui peut être un effet créatif, sinon, une vitesse d’environ 1/60 ou 1/125 de seconde figera leur chute. S’il s’agit du blizzard, vous aurez besoin d’une vitesse plus rapide.

Si vous aimez les filtres, votre filtre polarisant sera votre ami. Idéal pour réduire les reflets et assombrir le ciel bleu, permettant aux nuages de prendre de l’importance. Cependant, faites attention à ne pas trop polariser. Je vous suggère de faire une rotation pour obtenir un effet maximum et de revenir ensuite jusqu’à ce que vous ayez un aspect plus réaliste. Gardez aussi à l’esprit que les filtres polarisants fonctionnent mieux lorsque le sujet est à 90 degrés par rapport au soleil. Ils peuvent aussi causer du vignetage lors de l’utilisation d’objectifs grands-angles, alors prenez soin de vérifier sur votre écran.

FUJIFILM X-T1 + XF18-55mmF2.8-4 R LM OIS - F11, ISO 200, 1/17 sec

Protéger votre matériel photo
Un facteur critique lors de prises de vues en plein hiver est la protection de votre équipement contre l’humidité et la gestion des changements de température afin d’éviter la formation de condensation sur votre équipement.

Même si vous avez un boîtier et des objectifs résistants aux intempéries, il est logique de traiter votre équipement avec soin pour éviter tout problème.

Utiliser votre appareil photo à l’extérieur dans le froid n’est pas un problème, mais vous devez faire attention à ne pas respirer fortement à l’arrière de l’appareil. Vous devez éviter de soumettre votre équipement à des changements rapides de température. Ne soyez pas tenté de placer votre appareil photo froid à l’intérieur de votre veste chaude. Remettez-le plutôt dans votre sac ou gardez-le à l’extérieur.

 

Si vous devez rentrer dans un environnement chaud pendant la journée, par exemple pour le déjeuner en intérieur, laissez votre équipement bien caché dans le coffre (verrouillé) de votre voiture ou placez l’appareil photo et l’objectif dans un sac hermétique jusqu’à ce que les températures s’égalisent, les sacs congélation sont utiles pour cela.

Si vous avez de la condensation sur votre équipement, essuyez-le avec une peau de chamois ou un chiffon en microfibre, retirez la batterie et laissez-la se réchauffer naturellement.

 

En cas de grésil, de neige ou de pluie, l’utilisation d’un pare-soleil protégera la lentille frontale, mais vérifiez-la et nettoyez-la régulièrement. Si vous n’avez pas de housse imperméable pour protéger votre matériel, vous pouvez toujours essayer un bon vieux bonnet de douche – sur l’appareil photo, bien sûr !

Le temps froid réduit la performance des batteries, alors assurez-vous d’en transporter plusieurs de rechange, parfaitement chargées et de les garder à l’intérieur de votre veste pour prolonger leur durée de vie.

FUJIFILM X-T1 + XF55-200mmF3.5-4.8 R LM OIS - F8, ISO 200, 1/150 sec

Votre confort personnel
Vous ne pouvez pas vous détendre et vous concentrer sur votre photographie si vous êtes gelé ou mouillé. Il est donc tout aussi important de vous préparer pour votre séance photo que de prendre soin de votre matériel.

Mais il n’est pas facile de trouver le bon équilibre, car nous avons tendance à faire beaucoup d’arrêts, en restant debout dans le froid pendant de longs moments, le temps de se rendre au prochain endroit. Le meilleur conseil pour rester au chaud est de multiplier les couches de vêtements.

Une bonne couche de base en laine mérinos évacuera l’humidité de votre peau, sous une couche intermédiaire de qualité en molleton avec une veste en duvet ou en synthétique. Une veste imperméable comme couche extérieure peut être rajoutée lorsque vous vous arrêtez.

En général, ce sont vos extrémités qui souffrent le plus, donc, un bon chapeau, des gants, des chaussettes et des bottes sont indispensables. J’utilise un chapeau en molleton ou une casquette de montagne avec des rabats d’oreilles et une visière, ce qui est parfait pour éviter que la neige et la pluie n’occultent mes lunettes.

Pour garder mes mains au chaud, j’ai essayé des gants sans doigt, des mitaines et bien d’autres types de gants différents. Le plus gros problème est de trouver la bonne combinaison pour se tenir au chaud tout en gardant le contrôle de l’appareil. J’ai maintenant une paire de gants en soie que je porte à l’intérieur d’une paire de gants légers mais étanches.

J’ai aussi une paire de gants plus épais avec des doigts et des paumes bien serrés quand il fait très froid. Bien sûr, porter un trépied en métal froid n’aide pas. Certains trépieds ont des poignées en mousse pour surmonter ce problème. Quant à moi, j’ai installé une housse en néoprène souple sur la partie supérieure d’un des trois pieds.

Par ailleurs, je porte des chaussettes en laine de qualité et des chaussures de randonnée à semelles épaisses pour me protéger du froid du sol.

Le transport de matériel photo coûteux sur la neige et la glace est toujours une affaire risquée ; alors pour éviter des problèmes potentiels, je range toujours mon appareil photo après une séance de photo et j’attache mon trépied à mon sac me laissant les mains libres. Certaines personnes aiment utiliser des bâtons de trekking pour s’assurer une stabilité supplémentaire sur les pentes raides.

FUJIFILM X-T1 + XF18-55mmF2.8-4 R LM OIS - F18, ISO 200, 1/50 sec

Restez prudents !
Les meilleurs endroits pour des prises de vues de paysages sont souvent assez éloignés, et en hiver, le temps peut changer très rapidement. Une glissade ou une chute dans ces conditions peut avoir de graves conséquences ; il faut donc être bien préparé. En plus des vêtements personnels listés ci-dessus, je transporte une lampe frontale, un sifflet, une carte et une boussole ainsi qu’un sac de survie. Je prends toujours mon téléphone, mais en général, cela ne sert pas à grand-chose puisqu’il n’y a pas de réseau dans beaucoup d’endroits.

J’ai aussi quelques collations, une gourde avec une boisson chaude, et, bien sûr, quand il fait vraiment froid des chaufferettes pour retrouver un peu de chaleur lorsque cela est nécessaire. Si vous vous aventurez seul dans la nature, communiquez votre itinéraire et votre heure de retour à une personne de confiance.

FUJIFILM X-T2 - F11, ISO 100, 10,0 sec

Le traitement des images
Enfin, une fois que vous avez capturé vos images, nous pouvons maintenant nous déplacer à l’intérieur, prendre une tasse de café, nous détendre et profiter du traitement de nos images.

La clé ici est d’essayer de communiquer ce que vous avez ressenti lorsque vous avez pris l’image ou un sentiment particulier que vous souhaitez transmettre.

En travaillant à “Lightroom”, la première chose que je fais est de vérifier l’exposition. Vérifiez l’histogramme pour vous assurer que les blancs sont clairs et qu’il n’y a pas de reflets coupés. Vous pouvez ensuite régler avec précision à l’aide des curseurs les blancs et les hautes lumières.

Ensuite, je vérifie la balance des blancs. Maintenant je trouve que la balance des blancs des appareils Fujifilm est très bonne mais les photos de brouillard, de neige et de glace peuvent nécessiter un certain ajustement, surtout s’il y a un ciel bleu vif ou si le temps est nuageux. Cela peut donner des images trop chaudes, le simple fait de déplacer la balance des blancs vers la gauche permet de retrouver des couleurs plus naturelles.

Les images dont le ton est principalement clair, surtout par temps couvert, peuvent manquer de couleur et de profondeur. Vous pouvez y remédier en utilisant les curseurs Clarity et Vibrance. Le curseur Clarté augmente le contraste des tons moyens, ce qui ajoute un peu de punch et d’impact à votre image. Veillez à ne pas trop augmenter ce contraste, sinon vous verrez apparaître des halos autour des bords à fort contraste.

Utilisez les curseurs de Vibrance et de Saturation avec beaucoup de soin pour maintenir un aspect naturel et réaliste de vos images. J’utilise rarement le curseur Saturation qui ajoute de la saturation à toutes les couleurs, mais une utilisation modeste de Vibrance, qui augmente l’intensité des tons moins saturés, peut ajouter un certain impact à votre image.

Alors, que vous soyez dans le paysage ou en ville, rechargez vos batteries, emballez et sortez, et profitez des beaux paysages et des merveilles de l’hiver !