Demandez à un photographe paysagiste quelle est sa saison préférée, 99 % d’entre eux ne se prononcent pas pour « l’été ». Les longues journées, le grand nombre de personnes, la lumière vive et dure rendent difficile la réalisation de clichés intéressants. Difficile peut-être, mais pas impossible. Comme pour beaucoup de choses, il y a une solution si vous trouvez les meilleurs sujets et la bonne lumière.
La lumière fait tout
Attachons-nous au plus difficile. La lumière fait tout dans la photographie de paysage et, en été particulièrement, la meilleure lumière apparaît en début et fin de journée. Le problème en été, c’est que le lever de soleil est très matinal ! À la mi-juillet, le soleil se lève vers 6h00 et si cela vous semble déjà suffisamment tôt, vous devez en plus tenir compte du fait que vous devez être sur place, prêt à photographier, une heure avant le lever du soleil. Avec l’aurore (lorsque le soleil est à 6º sous l’horizon) commençant 45 minutes avant, vous pouvez photographier quelques heures, en commençant par la lumière blafarde de l’aube, puis par le lever du soleil et enfin la fabuleuse heure dorée, pour être à la maison pour le petit déjeuner ! N’oubliez pas qu’en été, les conditions sont beaucoup plus chaudes, il est donc plus confortable de photographier tôt le matin et vous aurez moins de risques de voir des gens à cette heure de la journée.
Si vous avez de la chance, vous pouvez même avoir un peu de brume matinale pour apporter une ambiance mystérieuse à vos images. Guettez les temps chauds et humides suivis de nuits froides et claires ou le point de rosée se situant à environ 2º de différence de température. Vous devrez cependant travailler rapidement car ces conditions ne durent pas longtemps et disparaissent lorsque le soleil se lève et réchauffe le paysage. À l’autre bout de la journée, le soleil se couche vers 21h45, mais vous devrez attendre une demi-heure après le coucher du soleil pour bénéficier de la meilleure lumière. Si vous faites du camping sauvage, que vous avez un camping-car ou que vous êtes prêt à faire la sieste en voiture, il vous sera probablement plus facile de profiter du coucher du soleil suivi quelques heures après du lever du soleil !
Planifiez votre séance
Lorsque vous organisez un voyage, vous devez vous informer des prévisions météorologiques, des heures de lever et de coucher du soleil, du trajet à suivre. Vous devez également faire des recherches sur le lieu et les points de vue possibles. Il est préférable de prospecter de nouveaux lieux pour le coucher du soleil. Pour cela vous pouvez faire des repérages de compositions en vous appuyant sur la lumière de l’après-midi. J’utilise quelques applications pour la météo, les prévisions radar pour la pluie, pour vérifier la couverture nuageuse et les niveaux de nuages – les nuages élevés sont meilleurs pour le lever et le coucher du soleil et le ciel sombre. Des applications dédiées à la photographie astronomique existent également. Certaines applications sont assez efficaces pour le calcul de la profondeur de champ et les expositions longues. Si vous photographiez des paysages marins, vérifiez toujours les heures des marées et photographiez à marée descendante pour éviter d’être piégé.
Pour beaucoup, l’été est une période de vacances et il se peut donc que vous visitiez de nouveaux endroits. Faites des recherches en amont, utilisez Instagram, Google et Flickr, prenez des notes et réfléchissez à des compositions créatives. Utilisez les couleurs de l’été vous appuyant sur des verts éclatants pour apporter une sensation de fraîcheur à vos photos. Les fleurs sauvages des prés, les coquelicots et la bruyère sont des éléments parfaits pour ajouter une touche de couleur. Après le lever du soleil, la lumière peut être assez forte et dure, mais vous pouvez toujours chercher des zones d’ombre et si le temps est nuageux ou couvert, allez dans les bois ou photographiez des ruisseaux et des chutes d’eau. Ces conditions seront parfaites sans reflets ni éclats de lumière.
N’oubliez pas de vous protéger. Je m’assure toujours d’avoir un chapeau, de la crème solaire et de l’eau. Dans certaines régions (en montagne par exemple), même en été, il peut faire assez froid en début et en fin de journée, alors prévoyez aussi une couche de vêtements chauds.
Quel matériel ?
L’appareil photo et les objectifs que vous utiliserez pour photographier les paysages d’été ne changent pas avec les saisons, sauf si vous devez tenir compte du poids – mais ce n’est pas un problème avec Fujifilm. Mon équipement préféré se compose d’un boîtier X-T4 en raison de la stabilisation de l’image, de la protection contre les intempéries, de l’écran orientable et rabattable, de l’ergonomie intuitive et de la meilleure autonomie de la batterie. La « sainte trinité » des objectifs est la suivante : zoom XF10-24mm, XF16-55mm et XF50-140mm pour leur polyvalence, la qualité d’image et la protection contre les intempéries. Si le poids devient crucial, les XF18-55mm et XF55-200mm offrent une alternative très crédible et si vous ne voulez qu’un seul objectif, le XF16-80mm est un choix parfait. Les objectifs grands-angles sont parfaits pour saisir des premiers plans impactants qui donnent de la profondeur à vos images. J’aime utiliser un téléobjectif pour isoler les détails, surtout dans les bois, ou pour comprimer la perspective. L’utilisation d’un trépied ne garantit pas seulement une prise de vue sans bougé, mais aide aussi énormément à affiner la composition. En ce qui concerne les filtres, un polariseur serait mon premier choix, idéal pour réduire la brume atmosphérique et l’éblouissement ainsi que pour donner un peu de saturation aux photos. Assurez-vous simplement de ne pas trop polariser et évitez d’utiliser des objectifs ultra-grands-angles car vous pouvez souvent obtenir une polarisation inégale dans le bleu du ciel. J’ai également un jeu de filtres à densité neutre pour contrôler la vitesse d’obturation et obtenir un effet créatif. J’utilise parfois des filtres ND gradués pour équilibrer la gamme dynamique, mais de plus en plus, je prends une série de photos en utilisant la fonction Auto Bracketing et je mélange les photos en post-traitement.
Quelques considérations techniques
Lorsque je photographie des paysages, j’utilise normalement la priorité d’ouverture (généralement à F8 ou F11) car ma principale préoccupation est de contrôler la profondeur de champ.
La sensibilité ISO est toujours réglée à 160 pour obtenir la meilleure qualité de fichier. Si j’utilise un trépied il n’y a pas de mouvement à contrôler, la vitesse d’obturation n’a pas d’importance. Si je veux un certain aspect et une certaine sensation de mouvement de l’eau, j’utilise des filtres ND pour réduire la vitesse d’obturation. Pour la mesure de la lumière, j’utilise la mesure matricielle dans la plupart des cas ou bien la mesure spot pour enregistrer une scène plus dramatique. J’ai toujours l’histogramme affiché et j’utilise la molette de compensation d’exposition pour affiner le réglage en m’assurant que les hautes lumières ne sont pas « brûlées » ou les ombres « bouchées ». Le réglage de la molette sur “C” me permet d’utiliser la molette de commande avant pour régler le diaphragme sans éloigner l’œil du viseur.
Si vous enregistrez en JPEG, vous réglez votre balance des blancs sur la lumière du jour et sélectionner une simulation de film appropriée comme Provia ou Astia, voire Velvia si vous aimez les couleurs plus vives. Bien sûr, si vous enregistrez en RAW, vous pourrez essayer différentes simulations au moment du développement.
Pour obtenir une netteté en arrière et en avant du sujet en utilisant l’AF et un objectif grand-angle, je fais généralement la mise au point sur un tiers de la scène et sélectionne une ouverture assez forte, par exemple F11, et je vérifie toujours en mode lecture. J’utilise également la mise au point manuelle avec l’outil « Focus Peaking » avec les hautes lumières réglées sur le rouge pour obtenir le même effet. Si vous utilisez un objectif de longue focale ou si le premier plan très près de l’appareil photo est important, essayez la fonction de bracketing de la mise au point.
Différentes techniques
L’été est une période idéale pour expérimenter différentes techniques de prises de vue. Avez-vous déjà essayé l’infrarouge ? C’est parfait pour produire des images saisissantes qui transforment le feuillage et l’herbe en un ciel blanc et bleu sombre et dramatique. Vous pouvez soit utiliser un filtre infrarouge, soit choisir d’avoir un appareil photo transformé pour ne prendre que des photos en infrarouge. Les températures douces et le ciel clair, l’été est l’une des meilleures saisons pour prendre des photos de nuit. Vous aurez besoin d’un objectif grand-angle, de préférence avec une grande ouverture, et d’un trépied robuste. Choisissez la plus grande ouverture, essayez une sensibilité ISO de 1600 et pour la vitesse d’obturation, divisez votre longueur focale (en équivalent 24×36) par 500.
La photo en longue exposition est possible en pleine journée, pour cela utilisez un filtre ND 10 diaph. et recherchez des éléments qui bougent – comme l’eau, les nuages, les herbes ou les arbres – pour un effet créatif maximum.
Vous pouvez également essayer des techniques plus abstraites comme l’exposition multiple ou le mouvement intentionnel de l’appareil photo, en profitant des couleurs de l’été.
Ne considérez pas l’été comme un moment pour mettre vos photos en attente et vous détendre dans une chaise longue. De nombreuses occasions de photo s’offrent à vous, vous n’aurez peut-être qu’à régler votre réveil et à prendre la crème solaire !