Dominique Shaw, des Studios York Places, nous propose quelques conseils importants pour la photographie de rue, à mettre en œuvre dès que vous commencerez à battre le pavé.
Après une année étrange, marquée par l’isolement, nous commençons à faire des progrès encourageants vers une vie normale. Vient alors la promesse d’un contact, d’un regard sur la beauté simple de la vie ordinaire. Documenter ces instants éphémères est toujours au cœur du bonheur de faire de la photographie de rue, mais aujourd’hui, cela ressemble à quelque chose de précieux, à protéger.
Dominique Shaw est pleine d’imagination. « J’aime vraiment le contact direct avec la réalité et sa narration – l’idée d’une création artistique à partir des observations les plus simples du quotidien », s’enthousiasme-t-elle.
Il est facile de penser que la photographie de rue est un genre aux possibilités illimitées. Cependant, dans le flux de la vie qui s’écoule sans cesse autour de nous, les moments forts peuvent parfois être difficiles à trouver. Pour Dominique, en tout cas, surmonter ce problème est une question de point de vue et d’expérience.
« Lorsque vous êtes très habitué à un endroit, il est plus difficile de trouver des idées nouvelles, car rien ne vous semble nouveau et étonnant. Au bout d’un certain temps, cependant, on s’entraîne à voir des nuances dans le quotidien et cette familiarité peut devenir un atout. Elle vous aide à trouver l’intimité et la compréhension fine de ce qui vous entoure. Ces jours-ci, je ne regarde pas vers le lointain ou tout près de moi, je cherche seulement un thème. »
Dominique poursuit en décrivant sa méthode de travail pour « voir » ces photos : « Il n’y a pas qu’une seule façon de faire – vous pouvez anticiper ou attendre. En fin de compte, il s’agit d’être en prise directe avec quelque chose, puis de trouver un moyen de communiquer ces idées et de bien comprendre ce potentiel. Basez votre approche sur ce qui a suscité votre intérêt immédiat. »
« Pour moi, une grande image est simplement celle qui me dit quelque chose sur le monde ou sur le photographe lui-même. Indépendamment de la taille de l’image, elle doit communiquer l’acte d’observation avec suffisamment de force sans que le contexte ou une explication supplémentaire soit nécessaire», d’après elle.
Un autre défi pour les photographes de rue en herbe, c’est l’approche des gens. Photographier quelqu’un dans sa vie quotidienne peut sembler agressif, voire être une atteinte à la vie privée, mais lorsque cela est fait avec sensibilité et considération, ce n’est pas le cas.
« Une qualité essentielle pour tout photographe est le sens aigu de l’empathie et de la souplesse, pour s’adapter à la scène qui se présente à lui », nous explique Dominique. « Il n’existe pas d’approche globale pour photographier des inconnus. Il faut savoir lire la situation dans laquelle on se trouve, agir de manière éthique et respectueuse, et traiter chaque personne comme un individu. Avant de photographier dans la rue, je me demande pourquoi je prends cette photo. Si je ne suis pas sûre de pouvoir le justifier auprès de quiconque me poserait la question, l’image n’est alors probablement pas assez bonne et je ne la prends tout simplement pas ».
Les petits pas restent une approche privilégiée par beaucoup, pour renforcer la confiance que procure l’expérience, Dominique a d’excellents conseils. « Si, au début, vous êtes nerveux à l’idée de photographier des inconnus, concentrez-vous simplement sur la géométrie et restez éloigné des gens. Saisissez des silhouettes plutôt que les traits d’un visage, puis montez progressivement en puissance sur cette base. »
La dernière pièce du puzzle reste l’équipement, les outils adaptés. Il peut être facile d’être obsédé par la rapidité de l’autofocus, la rapidité des rafales ou les objectifs à très faible luminosité pour une vitesse d’obturation optimale, mais, pour Dominique, toutes ces caractéristiques se résument très simplement : « Je veux qu’il y ait le moins de résistance possible entre l’idée que j’ai en tête et l’acte de la transformer en une photographie. Dès l’instant où j’ai pris en main un X-Pro2, la série X m’a offert ce que j’attendais. »
« Récemment, j’ai découvert et apprécié le FUJINON XF27mmF2.8 R WR. Il s’agit non seulement d’une longueur focale parfaite, mais aussi d’un objectif compact parfaitement adapté au FUJIFILM X-E4, facile à transporter partout », poursuit-elle. « Avant cela, la plupart de mes images de rue ont été faites au FUJINON XF23mmF1.4 R. Avec l’un ou l’autre de ces objectifs, je règle généralement l’ouverture à F8 comme point de départ pour voir le monde qui m’entoure avec assez de netteté. J’adapte ensuite cette ouverture à l’histoire que je veux raconter. »
Dominique s’enthousiasme pour le boîtier du X-E4 : « C’est un appareil photo à objectif interchangeable extrêmement puissant, ultra compact, très discret et séduisant. Je peux l’avoir avec moi à tout moment, et pas seulement lors de séances de photo planifiées. Je ne vois pas seulement des photos lorsque je me suis préparée. Je les vois partout où je vais – donc, à chaque fois que quelque chose se produit, j’ai toujours un appareil photo de qualité professionnelle prêt à entrer en action. »
À la rencontre de l’inconnu
Pour vous sentir plus à l’aise lorsque vous abordez des inconnus et réaliser des portraits de rue, souvent assez inconfortables, la meilleure chose à faire est de se préparer. Voici une approche qui a fait ses preuves et qui vous permettra d’obtenir de bons résultats.
Appareil photo en main, établissez un contact poli avec votre entourage afin que les gens puissent clairement comprendre le sens de votre approche. Demandez à les photographier en vous appuyant sur une explication assez générale, telle que « j’aime votre look ». Tout ce qui est trop intime, comme « vos rides ont tellement de caractère », risque d’offenser. S’il refuse, restez poli. Tant pis… cela arrivera forcément de temps en temps.
Vous ne pouvez pas monopoliser le temps d’un inconnu et vous perdrez rapidement la spontanéité de l’instant, alors travaillez vite. Pour cela, réglez l’AF sur la détection des visages, la prise de vue en continu et le mode priorité à l’ouverture pour contrôler la profondeur de champ. Parlez avec votre sujet tout au long de la prise de vue pour maintenir une bonne relation avec lui et photographiez en rafale si vous voulez avoir un choix d’images suffisant. Travaillez également sous différents angles pour avoir plus de chances d’obtenir le cadre parfait. Lorsque vous avez terminé, donnez-leur la possibilité de voir les photos et indiquez-leur où ils peuvent trouver le montage final.
Gérez votre mise au point
Pour les prises de vues spontanées et pour saisir les instants importants, il existe deux grandes options : l’autofocus ou la mise au point anticipée. La première est évidente, la seconde l’est moins, mais elle devrait faire partie de l’arsenal technique de tout photographe de rue.
Le préréglage de mise au point permet d’anticiper l’action en vous assurant qu’une partie importante de votre cadre, en termes de profondeur de champ, est nette. Pour ce faire, effectuez la mise au point à une distance spécifique et utilisez la profondeur de champ pour vous assurer que les objets situés devant et derrière ce point, dans une zone limitée, sont nets. Par exemple, si vous prenez un objectif de 23 mm avec une ouverture de F8 et que vous faites une mise au point manuelle à 3 mètres, tout ce qui se trouve entre 6,5 et 16,5 mètres sera d’une netteté acceptable.
Vous n’avez pas besoin de faire un véritable travail en variant les focales, les ouvertures et les zones souhaitées – regardez simplement l’échelle de mise au point de votre appareil photo. La zone bleue de part et d’autre de l’indicateur de distance de mise au point indique la plage de netteté acceptable. Pour afficher l’échelle de mise au point dans le viseur ou sur l’écran LCD, appuyez sur MENU OK et accédez à PARAMETRAGE > CONFIG ÉCRAN > AFF. REGL. PERSO. et assurez-vous que la case TÉMOIN DISTANCE MF est cochée. Pour contrôler la précision de cette « netteté acceptable », allez dans CONFIGURATION AF/MF > ÉCHELLE DE PROFONDEUR DE CHAMP et choisissez BASE DE PIXEL ou BASE DU FORMAT FILM.